4ème dimanche du carême.
Abbé Jean Compazieu | 7 mars 2010Textes bibliques : Lire
Un Père plein d’amour et de miséricorde
Cet évangile évoque une situation bien douloureuse. Un fils est parti loin de sa maison sans laisser d’adresse. C’est toujours un drame pour ses parents et toute sa famille. Les mois et les années passent sans qu’il donne de ses nouvelles. Et lui-même n’a pu être joint lors d’un événement familial. La plupart du temps, il fait partie de ceux qu’on appelle les “sans domicile fixe”. Comme dans l’évangile de ce jour, certains choisissent de reprendre contact avec la famille et parfois de revenir. Mais cela ne se passe pas toujours très bien avec les frères et sœurs. S’il y a une fête familiale, certains n’ont pas envie qu’il y soit présent.
C’est à partir de cette situation bien concrète que Jésus voudrait nous inviter à réfléchir. Lui-même est venu nous parler de Dieu amour. Il aime chacun de nous d’un amour paternel et maternel. Et c’est au nom de cet amour universel que le Christ fait bon accueil aux pécheurs et va manger avec eux. Ils font partie de son bien le plus précieux et il ne veut pas qu’ils se perdent. S’ils ont pris un chemin de perdition, il va tout faire pour les ramener à lui. C’est vrai aussi pour chacun de nous : Si nous nous sommes égarés loin de lui, il va tout faire pour venir nous chercher, même si nous sommes tombés très bas. Pour le Seigneur, il n’y a jamais de situation désespérée. Il nous appelle tous à revenir vers lui car il ne demande qu’à nous combler de son amour.
Le problème c’est au moment du retour au bercail. Les scribes et les pharisiens n’acceptaient pas que Jésus fasse bon accueil aux pécheurs publics et aux personnes de mauvaise vie. Et nous-mêmes, il nous arrive de fermer notre porte à celui qui a commis des actes condamnables. S’il a fait de la prison, ce sera encore pire : on va l’enfoncer dans sa réputation et on ne lui laissera aucune chance. Heureusement, il y a des gens qui réagissent. Les aumôneries de prisons, les éducateurs des rues et bien d’autres ont le souci d’aller vers les exclus. A la manière de Jésus, ils témoignent de la tendresse de Dieu qui ne veut perdre aucun de ses enfants. La véritable Eglise de Jésus Christ c’est celle qui va vers les plus pauvres.
Mais nous savons bien que le disciple n’est pas au dessus de son Maître. En allant vers les exclus, Jésus s’est fait critiquer. On a récriminé contre lui. Il deviendra lui-même un exclu. Un jour, il sera conduit hors de la ville et on le fera mourir sur une croix. Si nous choisissons de le suivre sur le chemin qu’il nous montre, il ne faut pas s’attendre à un sort plus facile. Il y aura toujours des gens de bonne réputation pour nous reprocher, en toute bonne conscience, de fréquenter des gens infréquentables. Bien sûr, nous pourrions rester bien entre nous avec des gens bien croyants, bien pratiquants et de bonne réputation. Mais Jésus Christ n’y sera pas. Si nous voulons le trouver c’est vers les paumés, vers ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde. Ils ont la première place dans le cœur de Dieu.
Tout au long de ce carême, nous entendons des appels à nous convertir. Les évangiles nous montrent divers aspects de cette conversion : la prière, le jeûne, le partage. Aujourd’hui, il nous invite à changer le regard que nous portons sur les autres. Le Christ voudrait nous associer à la joie de Dieu quand un pécheur revient à lui. Son grand projet c’est de rassembler tous ses enfants et de faire la fête avec eux. Il accueille le fils qui revient après une longue période d’errance et de misère. Et il invite son frère à en faire autant et à l’accueillir dans la joie comme un frère. Personne ne peut dire qu’il est un bon fils de Dieu s’il n’est pas un bon frère pour les autres. Ce qui fait la valeur d’une vie c’est la manière dont nous aimons. Le pape Jean-Paul II disait : “Dis-moi quel est ton amour et je te dirai qui tu es.”
Le carême n’est pas d’abord un temps de privations. Le plus important c’est d’accueillir le Seigneur qui frappe à notre porte ; il veut entrer dans notre vie pour nous combler de son amour et de sa joie. Tout au long de ce carême, nous réservons du temps à la prière, à la méditation de la Parole de Dieu et aux sacrements du pardon et de l’Eucharistie. Mais le Christ que nous accueillons nous montre aussi tous nos frères et sœurs, surtout les plus loin de la foi. L’important c’est de nous ajuster à ce Dieu Amour qui ne veut perdre aucun de ses enfants. C’est ensemble, les uns avec les autres (tous les autres) que nous pourrons entrer dans la joie de Dieu et prendre part au festin de son Royaume.
L’Eucharistie qui nous rassemble chaque dimanche est précisément le festin offert à tous les enfants de Dieu. “C’est le joyeux repas de la Famille de Dieu, où tu nous établis, Seigneur dans ton alliance. Tu comptes sur nous pour continuer comme toi à y accueillir les paumés et les pécheurs. C’est toi qui les invites. C’est toi qui leur donnes de manger ta présence de ressuscité. Ton Eucharistie n’est plus une “récompense” dont pourraient bénéficier seulement ceux qui sont sans péché. Elle est vraiment ton repas pour les pécheurs que nous restons. Tu nous donnes ta présence qui, seule, peut nous sauver. Apprends-nous à nous laisser aimer par le Père… Aide-nous à lui répondre par notre amour.”
D’après diverses sources
Merci Père pour ton grand amour. Je suis convaincue que tu veux que du bonheur pour nous, de la joie et de la paix. Tu nous pardonnes sans cesse . Tu nous juges pas. Tu veux que nous ouvrons nos coeurs à ton amour. Merci aussi pour nos frères et soeurs dans l’église (en particulier les prêtres) auprès desquels nous pouvons sentir ton amour. Loué sois-tu. Amen
une petite prière en cette période de Carême:
Toi qui es la lumière fais que je ne supporte plus d’agir dans l’ombre. Toi qui es la chaleur, fais que je n’accepte plus ma tiédeur. Toi qui est la clarté, fais que je déteste en moi les ténèbres. Toi qui es la vérité, fais que je fuie le mensonge. Toi qui es la fidélité fais que je refuse petites et grandes trahisons. Toi qui ne cesses de donner et de te donner en personne fais que je donne à mon tour cette petite lumière qui m’habite et qui te ressemble.
Fraternellement en Christ .
A.
Quelle joie dans une famille, divisée par suite d’incompréhensions, de questions d’argent ou d’héritage, oui, quelle joie lorsque se retrouvent paix et concorde, l’affection de tous les membres réconciliés. On fait la fête ! Comme il serait souhaitable que cela puisse se vivre dans beaucoup de familles séparées, mais aussi dans bien de communautés, de nations, et pour cette immense famille qu’est l’humanité entière. De longs chemins sont souvent à parcourir mais des réconciliations peuvent s’opérer comme le fut celle de l’Allemagne et la France.
– Ce jour, 4ème Dimanche de Carême, en traite : Réconciliation … avec Jésus Christ !
Pour nous y inciter l’Evangile (Luc 15, 1-3 ; 11-32) nous présente Jésus critiqué parce qu’ « il fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! » Réponse alors aux opposants par une parabole, celle d’un homme et ses deux fils. Le plus jeune, un jour, réclame à son père « la part d’héritage qui lui revient ». Le père l’effectue. Ce fils quitte la maison paternelle pour un « pays lointain » où il mène une « vie de désordre ». Héritage gaspillé, il connaît la misère dans une région où s’installe une grande famine. Pour subsister il s’embauche « chez un homme du pays » qui l’envoie garder ses porcs, sans même être si bien nourri qu’eux. Quelle déchéance ! Il réfléchit : chez son père, même les ouvriers étaient bien nourris, bien considérés. Il décide donc de retourner « chez son père », reconnaissant sa stupidité, avec le désir d’être repris, au moins « comme l’un des ouvriers ».
– Ce passage désigne tout homme quittant Dieu, vivant loin de lui, dans une vie où abonde le péché, mais finalement avec le désir d’une réconciliation, d’une vie nouvelle.
La suite évangélique est surprenante mais combien réconfortante : alors que le fils est « encore loin » son père l’aperçoit. « Saisi de pitié » il court se jeter à son cou, le couvre de baisers. Il n’écoute même pas les paroles de regret de son fils pour dire à ses ouvriers : « Vite ! apportez le plus beau vêtement pour l’habiller », avec tout ce qui peut lui conférer autorité et liberté. On tue le veau gras. On fait la fête !
– Quelle bonté et tendresse de ce père pour son fils infidèle, mais revenu à la maison, à la raison. Ne serait-ce pas celle de notre Père du ciel pour tous les enfants que sont les hommes ?
Il y a le fils aîné ! Il apprend tout ce qui se passe chez son père : la fête avec son frère revenu à la maison. Il se met en colère, refuse d’entrer. Son père le supplie. Il se justifie : il a toujours été fidèle … et n’a jamais connu une fête avec ses amis ! Réponse du père : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ».
– Chacun comprendra ici l’attitude condamnable de chrétiens, de croyants, incapables de pardonner à leurs frères repentants en regard d’un Dieu, du Christ, offrant, lui, la joie de son pardon à tous les hommes que nous sommes.
Facilement nous pouvons étendre aux communautés sociales et politiques, aux diverses sociétés d’entreprises, aux nations, et à l’O.N.U. semblables reproches et attitudes de réconciliation avec Jésus Christ et son don de l’Esprit d’amour. Seul l’amour est régénérateur.
St Paul (2ème lecture) le confirmera : « Si quelqu’un est en Jésus Christ il est créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né », celui d’un amour vrai et fidèle. « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Il efface tous nos péchés.
La 1ère lecture du livre de Josué, se référant au peuple d’Israël, libéré de l’esclavage des Egyptiens, demandant de célébrer la Pâque, mangeant des produits de la terre nouvelle avec « pains sans levain », est invitation à célébrer maintenant la joie de la réconciliation, sans manne, avec l’Eucharistie.
« Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur », avons-nous chanté (Psaume 33). « Exaltons tous ensemble son nom » – « qui regarde vers lui resplendira » au Royaume de l’Amour. St Paul nous dit encore : « Nous sommes ambassadeurs du Christ ». Ne craignons pas de le faire connaître et aimer pour un monde de justice et de paix. Pour aller à Jésus Christ répétons-le : pas de meilleur chemin que prendre celui de Marie, sa mère et notre mère, pour vivre en famille unie !
” C’est la parole de Jésus qui a porté le plus loin, mon enfant.
Elle est célèbre même chez les impies….
Et celui qui l’entend pour la centième fois,
c’est comme si c’était la première fois”
(CHARLES PEGUY : Le porche du mystère de la 2ème vertu)
En ce dimanche, nous avons la joie immense de réécouter la plus belle, la plus riche, la plus émouvante des paraboles de Jésus. Pour la comprendre, il importe au préalable de remarquer qu’elle surgit dans une situation de conflit.
Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui: ” Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et il mange avec eux !?”. Alors Jésus leur dit cette parabole: ” Un homme avait deux fils…”
Le père est évidemment l’image de Dieu et les deux fils correspondent aux deux groupes qui entourent Jésus. Donc par la parabole, celui-ci prétend incarner le véritable comportement de Dieu à l’égard des hommes, du coup il justifie sa conduite (J’agis comme Dieu agit) et il donne un enseignement à ces deux types d’hommes (que nous sommes encore !)
1. L’ABANDON DE DIEU
Le plus jeune dit à son père:” Donne-moi la part d’héritage qui me revient”.
Et le père fit le partage de ses biens…..Le fils partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre.
Avec quelle impatience il attendait ce jour ! Il lui était devenu insupportable de rester plus longtemps dans cette maison: le poids du père l’étouffait. Exiger son héritage, c’était au fond comme vouloir la mort du père. Il voulait être adulte, décider à sa guise, ne plus obéir à un maître, cesser d’obéir comme un gosse. Et il s’en alla, loin, le plus loin possible(ce pays n’est évidemment sur aucune carte: il désigne une condition de vie). A moi la belle vie, la dolce vita ! AVOIR, posséder: c’est la toute-puissance arrachée à Dieu. Acheter tout ce dont on a envie, gaspiller, s’enivrer, s’offrir les filles faciles, goûter à tout, ne plus entendre des reproches. Enfin il se sentait libre, indépendant, autonome. Un homme. Est-ce donc pour cela que notre société de consommation à outrance éloigne de Dieu ?…
Mais le pays loin de Dieu, le monde de la non-foi, conduit à des lendemains qui déchantent. Quand l’homme veut “s’éclater” comme on dit, il arrive toujours un moment de saturation, de dégoût. Lorsque la liberté devient licence, elle bascule dans l’esclavage. La satisfaction indéfinie des besoins ne peut combler l’infini du désir qui nous habite et qui est celui de l’amour. L’homme devient misérable, dépouillé, sans ressources:
Quand il eut tout dépensé, un grande famine survint et il se trouva dans la misère.
Il alla s’embaucher chez un homme qui l’envoya garder les cochons et personne ne lui donnait rien ”
Lui qui avait pris la femme comme un objet devient à son tour un objet, un bon à rien, un sans droit, que le patron peut exploiter et pressurer à merci. Ainsi, en quelques mots, Jésus esquisse l’horreur d’une société qui veut s’édifier sans le Père: elle promet tous les plaisirs, la fin de ce qu’elle appelle “l’aliénation religieuse”, la suppression des interdits, l’épanouissement, l’explosion sans frein de la vie…et elle se révèle une jungle où un jeune nanti peut assouvir ses passions en multipliant les partenaires…mais où un patron peut faire fortune en réduisant son personnel en esclavage. Dans ce “pays” où le jeune s’est élancé avec ivresse, il n’y pas de mariage fidèle (il ne se marie pas) et pas de justice sociale. L’homme y est un loup pour l’homme – et pire encore pour la femme !
Mais quand perce la conscience du désastre, il peut commencer à penser. Bienheureux les pauvres: ils sont en quête de Dieu.
Alors il réfléchit: ” Les ouvriers de mon père ont du pain en abondance; et moi, ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père et je lui dirai: ” Père, j’ai péché, je ne mérite plus d’être appelé ton fils, prends-moi comme un ouvrier”. Et il partit.
Aucune honte sur sa conduite, aucun remords d’avoir peiné son père. S’il envisage de rentrer, c’est parce qu’il y est forcé car loin de Dieu, l’homme, pris dans les filets d’un monde sans cœur, glisse à la mort. En route, il se demande, anxieux, si son père l’acceptera. Ne va-t-il pas lui claquer la porte au nez, le chasser avec colère, le punir durement ?….
2. DECOUVRIR ENFIN LE VRAI VISAGE DE DIEU
Et c’est alors qu’éclate la merveille. Lorsque nous avons tourné le dos à Dieu, que nous nous sentons voués à la mort, que nous craignons le châtiment éternel, voici au contraire que nous découvrons LE PERE QUI SE REVELE DANS SA TENDRESSE INFINIE. Jamais jusqu’alors on n’avait osé écrire pareille phrase. Péguy, le converti, en pleurait:
Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut bouleversé aux entrailles.
Il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Dans les 2 paraboles précédentes, le berger était parti à la recherche de sa brebis perdue; la femme avait multiplié les efforts pour retrouver sa drachme égarée mais ici il s’agit de l’homme, donc de liberté. Le père est certes affligé par le départ de tant de ses enfants mais il ne les ramène pas de force car, comme disait encore Péguy, Dieu ne veut pas “des prosternements d’esclaves”. Et s’il n’exige pas “la contrition parfaite”, il faut au moins que l’homme perdu bégaie un appel, manifeste un début de démarche. Mais dès qu’il le perçoit, Dieu est ému, bouleversé. Le sentiment du père (Dieu) n’est pas la “pitié” mais la miséricorde – un mot qui, en hébreu, désigne l’émotion de “la matrice”. Et voilà pourquoi le récit ne mentionnait pas de mère. Car Dieu est père et mère à la fois. Dans l’abîme où le péché nous a fait basculer, Dieu se précipite pour nous sauver, il se jette au cou du traître et le dévore de baisers. Saint Jean dira: ” Dieu a tant aimé le monde !”
Le jeune murmure un début d’aveu: ” Père, j’ai péché, je me mérite plus…”. Mais le père le coupe, il refuse d’entendre la fin de la phrase (“Traite-moi comme un ouvrier”): même défiguré par la débauche, l’alcool, la drogue, le crime, son enfant reste son enfant. Dieu ne nous reniera jamais. Son amour est infini, sa tendresse est sans bornes. Il n’est qu’amour et il ne peut qu’aimer. A celui qui présente les blessures de ses fautes, Dieu ne peut que tendre les bras. Que son enfant soit à ce point abîmé par le péché lui est intolérable; non seulement il ne peut lui infliger une pénitence, mais il ne veut pas le laisser une minute de plus dans cet état. Il le restitue dans sa beauté:
Le père dit : ” Vite, apportez son plus beau vêtement, mettez-lui une bague au doigt, des sandales aux pieds. Allez tuer le veau gras. Mangeons et festoyons.
Car MON FILS QUE VOILÀ ETAIT MORT ET IL EST REVENU A LA VIE…IL ETAIT PERDU ET IL EST RETROUVE. Et ils commencèrent la fête.
Dieu nous offre ce que nous voulions nous donner nous-mêmes. Comblé par la miséricorde, le fils comprend enfin qui est Dieu: non un père castrateur, un despote jaloux de sa puissance, non “le sur-moi” mais un PERE qui veut des enfants libres, fiers, debout. Ah ! “Bienheureuse faute” (Exultet de Pâques) qui nous libère des caricatures de Dieu pour enfin le découvrir comme un Père qui veut la gloire de ses fils. L’Eucharistie est le banquet où Dieu invite tous les pécheurs à célébrer leurs retrouvailles dans la réconciliation.
2. LA PRATIQUE SANS CŒUR
Mais il y a l’autre, l’aîné ! Il est demeuré à la maison, LUI !, fidèle, droit, travailleur, bon pratiquant, sans péché (croit-il !). Lorsqu’il apprend que le père a organisé un festin pour fêter le retour de son frère, il se met en colère et refuse d’entrer. A son père sorti à sa rencontre, il crache sa hargne:
” Il y a tant d’années que je te sers, jamais tu ne m’as donné un chevreau. Mais quand ton fils est arrivé, après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer le veau gras pour lui !!?….”.
Il enrage: il s’est toujours efforcé de mener une vie obéissante, avec beaucoup de sacrifices, dans la routine des jours, et voilà que le père organise une grande célébration pour fêter le retour du débauché. A quoi sert-il donc d’être un bon croyant ? Mais Dieu ne partage pas nos conceptions mesquines: il n’est pas un roi qui punit ses sujets félons, ni un patron qui chasse un employé. IL EST PERE de façon irrémissible.
Le père : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait festoyer car ton frère était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé”.
L’aîné non plus n’avait pas compris Dieu: il obéissait avec une mentalité servile sans jouir de sa liberté, sans goûter le bonheur de croire et de demeurer dans la Vie.
Oui, le cadet a très mal agi, mais pour Dieu il ne peut y avoir de conduite impardonnable. Ce fils a été très malheureux, il a eu désir de rentrer, il a reconnu son péché: cela suffit pour que moi, son père, je sois bouleversé. Ton frère vit et tu n’en es pas heureux ?…Je ne veux pas la mort du pécheur mais qu’il vive.
Alors que va faire l’aîné ? On attendrait qu’il comprenne, qu’il entre dans la maison pour aller embrasser son cadet et se joindre à l’allégresse générale. Eh bien non, la parabole finit mal, sur un échec de Dieu. Le refus du pardon au frère est pire que la débauche.
Texte extraordinaire, d’une richesse inépuisable à méditer.
Quel Dieu avaient les 2 fils ? : un maître puissant.
D’où 2 seules possibilités: ou accepter son esclavage ou le fuir pour être libre.
Quel Père se révèle ? Comment opère-t-il pour que son accueil ne soit pas écrasant ?
L’Eglise est la communauté où tous les frères (et sœurs) reçoivent et fêtent le pardon.
L’aîné ne représente-t-il pas la conscience intransigeante ? …
Les Pharisiens ne pardonneront pas cette parabole à Jésus et ils le feront tuer.
Le veau gras sera remplacé par “l’agneau de Dieu”.
C’est alors que pourra s’ouvrir le banquet de l’Eucharistie
pour tous les enfants perdus et retrouvés !
En tout cas, cette parabole dit tout sur le péché et le pardon. Le péché c’est gâcher les chances que la vie et Le Seigneur nous offrent et le pardon c’est l”obstination du Père à nous aimer encore et toujours et à nous considérer comme ses enfants QUOI QUE NOUS FASSIONS..
Le pardon amoureux du Père dit que nous sommes toujours PLUS GRANDS QUE NOS FAUTES. Si je laissais cette grâce, être aimée pour moi-même, descendre au plus profond de mon cœur, j’aimerais aussi les autres gratuitement, généreusement, comme toi Seigneur.
Je ne suis pas très bien en ce moment, mais le Seigneur est là qui veille. Lire des revues chrétiennes, et les Evangiles me font beaucoup de bien ainsi que RADIO ESPERANCE. Et absolument chaque jour, le Seigneur m’octroie des grâces et j’ai le coeur grand-ouvert pour les recevoir.
Seigneur, aide-moi à aller vers celui auquel personne ne parle. Que j’aie le coeur assez ouvert pour le rendre un peu plus heureux qu’avant ma rencontre.
Seigneur, parle, ta servante écoute.
PORTEZ-VOUS BIEN !!!
Christiane
Nous avons la mauvaise habitude de n’écouter que la première partie de ce passage de l’ Évangile selon Luc que nous appelons . « la parabole de l’enfant prodigue ». Or, c’est manifestement le Père qui est le personnage principal : « Un homme avait deux fils… ». C’est la parabole du père prodigue que nous avons entendue. Ce père a vécu un drame en deux actes : le conflit entre lui et ses deux fils , également et follement aimés. Une histoire qui se revit dans beaucoup de familles. Papas et mamans dans une situation conflictuelle avec l’un ou l’autre de vos enfants, c’est le drame de Dieu que vous vivez. Cette page d’Évangile donne la plus belle histoire d’amour, la plus belle image de Dieu. Lire la suite sur le blog de Michel
Merci
Quant au cadet, ce n’est pas mieux. D’abord, en réclamant sa part d’héritage du vivant même de son père, il agit comme si, pour lui, il était déjà mort. « Il tue le père », dirait les psychanalystes. Ne parlons pas de ses fredaines qui ne lui apportent que tristesse, désillusion et pauvreté. Regardons plutôt ses motivations quand il revient à la maison. A aucun moment il ne pense à son père ni à sa peine. Il ne cherche qu’à trouver à manger pour ne pas mourir de faim. Il n’y a pas de vrai repentir, à peine l’esquisse d’un geste… Comme le cadet, nous vivons des pans entier de notre vie en nous passant de Dieu.
Le Père de la parabole, lui, est le père par excellence. D’abord, parce qu’il respecte totalement la liberté de son fils : « Tu veux partir? Eh bien, tu le peux. » Il ne nous abandonne pourtant pas : il nous attend. Bien plus, il court après nous. Il faut se rappeler que, dans le monde biblique, jamais on ne voit un notable se mettre à courir. Il marche toujours posément, avec dignité. Le père de l’histoire, on le voit sortir au-devant de ses fils, on le voit même courir au-devant du prodigue. C’est un père qui ne refuse qu’une chose : que son fils ne soit plus son fils. Un père dont l’amour gratuit nous fait vivre (“Il était mort et il revit”) ; un père dont l’amour est un don total (“Tout ce qui est à moi est à toi.”)
Certes, nous pouvons nous reconnaître, tour à tour, dans l’un ou l’autre des deux fils. Mais tel n’est pas l’essentiel du message de la parabole. L’image de Dieu que Jésus nous y présente, il tient à la reproduire dans tous ses comportements de fils. Plus, il nous invite à l’imiter à notre tour. « Soyez les fils de votre Père, qui fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons… », et encore : « Soyez parfaits comme votre Père du ciel est parfait. »
Quelle est notre réaction devant les enfants, la femme, le mari, l’ami qui nous lâchent ? Devant l’ingratitude ou les calomnies qui nous atteignent le plus parce qu’elles proviennent de nos proches ? Colère? Vengeance ? On cherche les mots qui tuent. Ce peut être : « Oeil pour œil, dent pour dent », « Il est mort, elle est morte pour moi. »
Mais le Père ? Lui, il ne dit rien. Son silence est attente. Quand le fils revient, il n’évoque rien du passé. Ne reste que l’explosion de joie. Voulez-vous connaître la joie parfaite ? Apprenez à ressembler au Père, à donner et à pardonner. Ah, si on pouvait dire de nous : « Tel Père, tels fils » !
Avec l’aimable autorisation de kerit.be
Références bibliques → Jos 5, 10-12 ; Ps 33 ; 2 Co 5, 17-21 ; Lc 15, 1-3.11-32
Nous avons la mauvaise habitude de n’écouter que la première partie de ce passage de l’ Évangile selon Luc que nous appelons . « la parabole de l’enfant prodigue ». Or, c’est manifestement le Père qui est le personnage principal : « Un homme avait deux fils… ». C’est la parabole du père prodigue que nous avons entendue. Ce père a vécu un drame en deux actes : le conflit entre lui et ses deux fils , également et follement aimés. Une histoire qui se revit dans beaucoup de familles. Papas et mamans dans une situation conflictuelle avec l’un ou l’autre de vos enfants, c’est le drame de Dieu que vous vivez. Cette page d’Évangile donne la plus belle histoire d’amour, la plus belle image de Dieu.
Dans le premier acte, l’attitude du Père envers le cadet , révèle que ce père n’est que gratuité, partage, don total et désintéressé, respectueux de la personnalité de son enfant ingrat : il ne lui veut que du bien, il l’aime sans réserve ! À travers ce père, Jésus nous parle de Dieu. Est-ce ainsi que nous nous représentons Dieu ?
Ce fils révolté, revendiquant son indépendance représente l’athéisme de tous les temps : profiter des biens de Dieu, sans le reconnaître, être loin de Lui, faire ce qu’on veut sans contrôle : ni Dieu, ni maître. Son retour à la maison, malgré les belles phrases, n’est qu’un sordide calcul pour retrouver le gîte et le couvert. Il a perdu l’habitude d’aimer…Il ne pense encore et toujours qu’à lui !
« Comme il était encore loin, son père l’aperçut, fut saisi de pitié , courut se jeter à son cou, et le couvrit de baisers » C’est le Père qui fait tout ici ! Quatre gestes : il l’aperçoit, il est ému, il court et il l’embrasse ! Le geste de courir est le plus fort de toute cette parabole : il n’est pas dans les habitudes d’aucune époque qu’un supérieur courre vers un inférieur, surtout quand celui-ci a eu envers lui une attitude scandaleuse. Le comportement de ce père montre qu’il ne se soucie pas le moins du monde de savoir si son fils manifeste une vraie contrition : d’aussi loin qu’il le voit, il court à sa rencontre.
Dans cette scène, Jésus met l’accent sur l’amour gratuit du Père…un Père qui pardonne avant tout aveu, sans condition !
Le fils ingrat revenu, on fit la fête sans compter !
L’acte deux décrit l’attitude du père envers l’aîné : pour lui, le père manifeste la même bonté. Souvent la Bible revient sur ce thème de la gratuité absolue des dons de Dieu. Il n’y a aucune injustice dans cette attitude divine : Dieu aime tous les hommes (*)
L’attitude du fils aîné révèle qu’il n’a pas vu tout l’amour dont il était aimé. .. : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » À travers cette parabole en deux actes, nous sommes invités à entrer dans cet amour de Dieu et dans sa joie de retrouver les pêcheurs.
Dans sa seconde lettre aux Corinthiens, Paul leur déclare : « Nous sommes les ambassadeurs du Christ, laisser-vous réconcilier avec Dieu » (2ième lecture) . Devenir ambassadeurs du Christ, de son esprit de miséricorde, c’est répondre avec joie, à l’appel de Dieu, à nous réconcilier entre nous. Dans cette parabole de l’enfant prodigue, Jésus Christ nous a révélé combien Dieu, notre Père , est gratuité, don, désintéressé, amour. Jésus nous y a révélé le vrai visage du Père. Tout le contraire d’un Dieu méchant, jaloux, mal intentionné. Un Père prodigue d’amour ! Laissons-nous réconcilier avec Dieu. Demandons-lui pardon de tous nos manques de confiance et d’amour.
Michel Houyoux, diacre permanent